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Pour les maires, le mi-mandat approche. Le moment parfait pour engager un processus de qualité relationnelle et repartir du bon pied.
Un an. Eh oui la rubrique “Décryptages” fête ses uns ans ! Déjà. L’occasion de vous proposer une rétrospective de nos meilleurs papiers ? Sans surprise, ce n’est pas ce que nous avons choisi de faire. Vous commencez, en effet, à bien nous connaître. Chez Accords Médiations, nous préférons nous projeter plutôt que de regarder dans le rétroviseur. Aussi, cet anniversaire est-il un pré-texte pour interroger notre rapport à la temporalité.
Car, cela n’aura échappé à personne, l’heure de la rentrée a bel et bien sonné. Pour certains, le moment est venu de retourner, bon gré mal gré, aux dossiers abandonnés le temps de l’été. Pour d’autres, la rentrée rime avec découverte de nouvelles matières et, peut-être, d’un nouvel établissement. Pour d’autres encore, comme les maires de France, c’est l’heure du bilan. Pour ces élus, la rentrée siffle, non pas la fin de la partie, mais bientôt celle de la première mi-temps. Car, ils seront bien vite – et plus vite qu’ils ne le pensent – arrivés à mi-mandat. L’occasion de faire une pause pour mieux aller de l’avant ?
Agenda de ministres
Si ce temps d’arrêt s’impose aux élus plus qu’à nul autre c’est parce que la temporalité d’un mandat est on ne peut plus singulière. Un mandat municipal, comme chacun sait, dure six ans. Idéalement, il devrait se découper en une phase d’apprentissage (année 0), une plus conséquente de réalisations (années 1 à 5) et une dernière passée à valoriser les actions menées (année 6). Or, en réalité, rares sont les mandats à suivre au jour près ce calendrier. Entre les imprévus et les demandes des habitants, auxquels s’ajoutent les délais administratifs et le temps politique, le rythme d’un mandat est pour le moins chahuté. Pour ne pas dire chaotique quand une crise vient se greffer aux projets prévus à 5, 10 ou 15 ans…
Le temps file d’autant plus vite qu’il faut parvenir à en garder pour la réflexion, l’expérience terrain, l’écoute des uns et des autres, etc. Sans oublier sa sphère familiale, sociale, professionnelle ou encore personnelle. Les élus sont avant tout des individus comme vous et moi. Comme vous, comme moi, ils doivent sans cesse parvenir à jongler entre différentes timelines. Et, tous les membres de l’équipe municipale ne disposent pas du même échéancier, ni n’emploient le temps de la même façon. Chacun d’entre eux s’est fixé des priorités qui lui sont propres et qui, parfois, peuvent venir s’entrechoquer avec celles des autres. Ou, pire, avec celles du collectif ou du projet qu’il porte.
Garder le rythme
Une telle juxtaposition des temporalités n’est sans doute pas l’apanage des équipes municipales. Mais celles-ci sont confrontées plus que d’autres à l’importance d’une bonne gestion du temps. Pourquoi ? Tout simplement parce que le leur est limité ! N’en déplaise aux amoureux de la politique politicienne, un mandat municipal dure six ans. Pas une minute de moins ni de plus. En ce sens, les équipes municipales ressemblent beaucoup à un orchestre. En effet, si vous avez la chance un jour d’assister à la répétition d’un ensemble, vous serez peut-être surpris de voir les musiciens s’arrêter au milieu d’une phrase parce que le gong de fin vient de retentir. Mais, n’en déplaise cette fois-ci aux partisans de la réunionite, une répétition d’orchestre commence et finit à l’heure, c’est la règle.
La pertinence de la comparaison dépasse la seule gestion du temps. Comme un orchestre, une équipe municipale accueille en son sein des individus aux personnalités singulières et aux talents particuliers. Une équipe municipale est elle aussi dirigée par un chef d’orchestre, le maire, chargé de donner un sens à la partition commune et d’indiquer, au fil du morceau, du mandat, les changements d’intention ou de rythme. En revanche, quand se rapproche la fin du morceau, du mandat, une équipe municipale est confrontée à une question qu’un orchestre en tournée ne se pose jamais : allons-nous demain reprendre nos instruments ensemble ?
L’heure du bilan
Cette question peut même surgir avant. Car, pour les édiles aussi, l’amour parfois dure trois ans. À mi-mandat, il arrive en effet que s’effrite l’idylle avec la fonction ou entre les membres de l’équipe. Le maire s’interrogera alors sur l’opportunité de repartir ou non pour un nouveau mandat. Et, s’il le fait, avec qui ? Qui d’autre ne reprendra-t-il pas dans son équipe ? Comment informer les uns et les autres de son choix ? Pour ne pas blesser les uns et les autres, le plus simple ne serait-il pas de ne pas répartir du tout ? Mais, cela ne règle pas la question du mandat à finir. Comment y parvenir quand la motivation des cent premiers jours à disparu ? Comment garder le cap quand le contexte relationnel s’est détérioré ?
Mal-être, désengagement, dysfonctionnements dans la continuité du service public, insatisfaction des habitants, etc. : la dégradation de la qualité des relations entre les membres d’une équipe municipale n’est pas sans conséquences sur la vie d’une collectivité. Des risques parfaitement identifiés par la réglementation qui a récemment évolué et impose désormais aux collectivités d’instaurer un “dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes” ou de faire appel à la médiation préalable dans le cadre de certains litiges*. Aussi, pour des équipes arrivées bientôt à mi-mandat, cette rentrée représente-t-elle peut-être un moment de choix pour se mettre en conformité. Mais pas seulement. Plus largement, le bilan de mi-mandat offre l’occasion rêvée d’établir un diagnostic quant à la qualité des relations, de trouver une issue à chaque situation exposée, de se former à l’ingénierie relationnelle. Un temps de respiration nécessaire pour poser les bases de l’entente. Celle du jour présent et de ceux à venir.
Marianne Fougère
Plume vagabonde et indépendante
* À ce sujet, nous vous invitons à consulter notre Livre blanc “Les incontournables de la qualité relationnelle”.