de décrypter une actualité ou un fait de société, et vous propose sa vision.
Buzzword des dernières années, le changement est partout. Qu’attend-on alors pour le mettre en œuvre ? Peut-être de comprendre ce qu’il est vraiment ?
Tout le monde aura reconnu dans notre titre la célèbre phrase de François Hollande. Prononcée en 2012, à quelques mois à peine du premier tour des élections présidentielles, cette punchline s’est gravée dans l’inconscient collectif. Presque dans notre imaginaire national. Elle a fait l’objet de nombreuses moqueries et parodies. Elle a fait, surtout, de nombreuses et nombreux déçu·e·s. En effet, plus d’une décennie après, force est de constater que le Président normal est redevenu un élu de la République parmi d’autres. Quant aux enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui ? On leur applique de bons vieux remèdes. Autrement dit, le changement tarde à venir…
Conduite du changement
Ce n’est pas faute, pourtant, de disposer de livres, de consultants, de guides et de bonnes pratiques pour nous apprendre à “manager le changement”. Ainsi, les leaders de tous bords sont invités à montrer l’exemple et à “embrasser” les premiers le changement. Il leur sera plus facile ensuite d’“implémenter” le changement et ce, à toutes les strates de leur organisation. À condition toutefois, de bien communiquer et d’impliquer chacune des personnes concernées par le changement…
Des conseils trop généralistes et bien inutiles pour parer aux imprévus ou pour lever l’ensemble des résistances au changement. Déni, indifférence, rejet, rumeur, obéissance aveugle, refus, contestation, opposition, sabotage, etc. : autant de traductions de la difficulté, pour nombre d’entre nous, à quitter notre zone de confort ou à abandonner nos routines sécurisantes. Certes, les résistances au changement ne sont pas systématiquement sources de conflits. Elles peuvent s’avérer constructives et même nécessaires puisqu’elles permettent d’interroger et, de fait, d’éviter des changements superflus. Elles trahissent surtout combien le changement est encore trop souvent vécu comme une perte, voire comme un deuil…
Moteur de projets
Or, il n’y a rien de plus déplacé que cette métaphore morbide pour évoquer le changement. Le deuil, en effet, occasionne une rupture définitive. À l’inverse, un changement s’inscrit dans une continuité. Il intervient dès qu’il est initié, sans étape obligée et quel que soit le projet impliqué. Un peu à l’image de la boîte à vitesse (manuelle !) d’une voiture : rien n’interdit de passer de la deuxième en quatrième et inversement. Le moteur vrombira peut-être un peu, mais la reprise pourra être tout à fait fluide.
Ce qui n’empêche pas que le changement puisse être plus ou moins bien accueilli. C’est d’autant plus vrai quand il n’est pas désiré, quand il est perçu comme étant imposé. Lorsque c’est le cas, il y a fort à parier que le changement provoque de la frustration, de la méfiance, de la conflictualité, de l’adversité. Dans les relations, le changement est la conséquence d’une insatisfaction. Il implique une modification des manières d’être en relation. Il aboutit à l’aménagement de la relation ou, le cas échéant, à la rupture consensuelle. Tout de suite maintenant ? Peut-être pas. Mais, en tout cas, pas sans l’aide d’un médiateur professionnel, bien conscient de l’importance de contribuer aux projets plutôt que d’“accompagner le changement”.
Marianne FOUGÈRE
Plume indépendante et vagabonde