Médiation professionnelle : comment est-elle structurée ?

Médiation professionnelle : comment est-elle structurée ?

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Pas facile pour les non-initiés de se repérer dans la constellation de confiance de la médiation professionnelle. D’où cet article en guise de boussole.  

Ces dernières années, le mot de “médiation” est sur toutes les lèvres. Du Conseil national de la médiation mis en place par le ministère de la Justice aux avocats agitant leur double casquette de médiateurs, en passant par le développement de la médiation familiale ou de la médiation interculturelle : comment ne pas se réjouir de cet engouement quand on défend, comme chez Accords Médiations, le paradigme de l’Entente sociale ? Mais, si la médiation a le vent en poupe, sa mobilisation ressemble parfois davantage à de l’instrumentalisation qu’à la promotion véritable de l’ingénierie relationnelle…

Car, n’en déplaise aux amateurs de buzzwords, la médiation professionnelle est adossée à une discipline à part entière, dont l’originalité ne doit rien au droit, à la sociologie, à la psychologie et encore moins à la morale ou à la religion. Mais, pour s’émanciper du paradigme du contrat social et s’affirmer comme la profession du 21ème siècle, la médiation a dû s’organiser et ce, dès 1999, date de son émergence.

Une structuration progressive de la profession

Répondre aux besoins croissants de qualité relationnelle, de liberté de décision et de résolution des conflits, en effet, ne s’improvise pas. Il faut pour ce faire un processus structuré articulé en sept étapes :

  • un état des lieux pour identifier la situation, les acteurs et le contexte et définir le périmètre d’intervention du médiateur professionnel grâce à la signature d’une lettre de mission et d’une convention de médiation ;
  • des entretiens individuels pour instaurer une relation de confiance entre le médiateur et les parties ;
  • des réunions de médiation pour envisager les issues possibles et choisir librement la solution ;
  • une mise en perspective de la qualité relationnelle pour favoriser l’instauration ou la restauration d’une communication favorable à l’entente ;
  • une exploration des options possibles pour résoudre le conflit en termes de reprise, d’aménagement ou de rupture de la relation entre les parties ;
  • une négociation contributive pour garantir la libre décision des parties et l’entretien d’une relation de confiance ;
  • un compte-rendu d’accord pour conclure le processus de médiation professionnelle.

À la lecture de ces différentes étapes, on comprend dès lors que la médiation professionnelle offre une approche distincte des référentiels traditionnels de la morale ou du droit. Au centre de cette nouvelle profession ? Les relations interpersonnelles. Ce qui explique pourquoi la technicité appliquée par la médiation professionnelle est celle de l’ingénierie relationnelle, elle-même adossée aux référentiels de la dégradation et de la qualité des relations. D’où, toute l’importance d’acquérir les compétences relevant du savoir communiquer et de comprendre les mécanismes relationnels en cause dans l’apparition de la défiance.

À l’école des médiateurs professionnels

Pour répondre à cette exigence et former les aspirants médiateurs à la méthodologie d’ingénierie relationnelle, une école a été créée en 2001. Ainsi, l’École Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (EPMN) délivre un Certificat d’Aptitude à la Profession de Médiateur (CAP’M®). Organisée en modules de 2 jours, sur un rythme mensuel et sur une période allant de 8 à 12 mois, la formation se conclut lors d’un symposium ayant lieu chaque année en octobre et la remise par les jeunes diplômés d’un cahier de validation des acquis comprenant notamment une expérience de médiation.

En plus de ce diplôme général, il existe différentes certifications de spécialisation comme :

  • le certificat d’aptitude à la pratique de la médiation de la consommation ;
  • le diplôme d’étude supérieur en ingénierie relationnelle ;
  • le dispositif de médiation professionnel interne et externe ;
  • les ateliers de pratique de l’ingénierie relationnelle ;
  • les ateliers dédiés aux nouveaux outils de management.

De quoi développer les qualités professionnelles des médiateurs et multiplier leurs “terrains de jeu”.

 Des domaines d’applications divers et variés

 Car la médiation professionnelle peut être mobilisée dans de nombreux domaines :

  • la médiation intervient pour renforcer la qualité relationnelle au sein des organisations;
  • la médiation commerciale aide les entreprises à résoudre leurs éventuels conflits avec clients ou fournisseurs ;
  • la médiation de la consommation permet de garantir une relation de confiance entre professionnels et particuliers ;
  • la médiation peut être utilisée pour résoudre des conflits entre patients et professionnels de la santé ;
  • la médiation familiale adresse des questions telles que la garde des enfants, la pension alimentaires ou les difficultés de communication ;
  • la médiation aspire également à déjudiciariser les conflits en matière civile, administrative ou pénale ;
  • la médiation interculturelle instaure de l’entente par-delà les valeurs et les normes culturelles ;
  • la médiation intervient aussi dans les établissements scolaires;
  • la médiation de voisinage concerne autant les voisins que les membres d’une organisation à but non lucratif ;
  • la médiation de collectivité territoriale concerne les différends entre administrés et agents des services publics.

 

Si tout médiateur peut intervenir dans l’un ou l’autre de ces domaines, certains font le choix de se spécialiser et de rejoindre une structure dédiée à leur domaine de prédilection comme le Club des médiateurs professionnels judiciaires ou Hospimediation, le Club des médiateurs professionnels de santé et des établissements de soin, tous deux intégrés au Centre de recherche en entente sociale et ingénierie relationnelle (CREISIR). Mais tous les médiateurs professionnelss’engagent à respecter le Code d’Éthique et de Déontologie propre à leur profession, le CODEOME et à rejoindre la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (CPMN) et le réseau de médiation professionnelle, ViaMédiation. En jeu ? La garantie de leur posture de distanciation en termes d’indépendance, d’impartialité, de neutralité et de confidentialité dans toutes les situations de médiation.

 

Marianne FOUGÈRE

Plume indépendante et vagabonde

FAQ

1 – Quand la médiation professionnelle a-t-elle émergé ?

Si le concept et la pratique de la médiation ne sont pas nouveaux, la médiation professionnelle en tant que profession singulière a été fondée en 1999.

2 – Comment devient-t-on médiateur professionnel ?

Pour exercer la profession de médiateur, il n’existe qu’une seule école : l’École Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (EPMN) où les aspirants médiateurs apprennent des techniques d’ingénierie relationnelle et les fondamentaux de la qualité relationnelle.

3 – Sur quoi la médiation professionnelle repose-t-elle ?

Au cours de leur formation, les médiateurs font également connaissance avec les processus structurés qui leur permettront par la suite de mettre en place les dispositifs promoteurs du paradigme de l’Entente. Ils s’engagent aussi à respecter le Code d’éthique et de déontologie de la profession de médiateur (CODEOME).

4 – Quels sont les acteurs de la médiation professionnelle ?

Si l’EPMN est chargée de former les professionnels de la médiation et de délivrer le Certificat d’Aptitude de la Profession de Médiateur, la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (CPMN) regroupe les médiateurs au sein d’un même syndicat. Quant à ViaMédiation ? C’est le réseau de la médiation professionnelle grâce auquel sont signées les conventions de recours à la médiation avec les organisations, entreprises, associations, collectivités et/ou tribunaux.

 

Quelques sites utiles :

Pour aller plus loin :

  • Jean-Louis Lascoux, Pratique de la Médiation Professionnelle, Paris, ESF, 2001.
  • Jean-Louis Lascoux, Dictionnaire encyclopédique de la médiation. Au service de la qualité relationnelle et de l’entente sociale, Paris, ESF, 2019.
  • CREISIR, Livre blanc de la profession de médiateur, Juin 2023.